07 08 2017

SFAP 2017 : Le réseau Cécilia représenté au Congrès de TOURS !

Le 22 juin 2017, Karine RIFFLARD, Richard ROKICKI, Pauline SORTON et Karolayn BULVER ont présenté les résultats de leurs travaux respectifs au congrès de la SFAP de TOURS.

Un travail de prospection concernant les soins palliatifs en milieu psychiatrique, qui a donné lieu à un article complet dans HOSPIMEDIA (vous pouvez le lire ci-dessous), et un poster sur le thème de l'accompagnement après-décès à découvrir en cliquant ici.

Un grand bravo à toute cette équipe !

L'article HOSPIMEDIA :

OFFRE DE SOINS

Le développement des soins palliatifs en psychiatrie se heurte à la question de son financement

 

Publié le 22/06/17 - 17h28 - HOSPIMEDIA

Les soins palliatifs tendent à se développer dans les services de psychiatrie. Entre le cloisonnement des formations, l'entourage du patient dans ces services ou le manque de financement, les obstacles à lever sont nombreux. Des coopérations sont néanmoins possibles et se construisent pas à pas, au gré des questionnements.

Pour certains patients en psychiatrie, vivre sa fin de vie à domicile signifie rester hospitalisé dans son service. Une prise en charge qui est possible mais les équipes soignantes ont plusieurs obstacles à franchir pour l'assurer. En premier lieu, se pose la question du financement. "Le développement des soins palliatifs en psychiatrie ne pourra pas se faire sans financement supplémentaire", relève ainsi Karine Rifflard, infirmière coordinatrice au sein du réseau Cécilia, un réseau de soins palliatifs associatif implanté dans l'Aisne, à l'occasion d'un atelier organisé dans le cadre du congrès de la Société française d'accompagnement aux soins palliatifs (Sfap) à Tours (Indre-et-Loire).

 

Investissement matériel

 

Les établissements publics de santé mentale (EPSM) disposent, en effet, d'une dotation globale pour leur fonctionnement. Ils n'ont, de ce fait, pas de ressources supplémentaires pour prendre en charge des patients en soins palliatifs. Cependant, un patient dans cette situation nécessite la mobilisation d'un matériel (pompe PCA, matelas à air, oxygène) important qui pèse sur le budget. Un premier investissement matériel nécessaire qui peut être compliqué à mobiliser, d'autant plus que s'ajoute la problématique de la sécurisation des machines lors du passage d'autres patients du service.

 

Une crainte de la déshumanisation du soin

 

Cette question du manque de financement des soins palliatifs n'est pas spécifique à la psychiatrie. Un questionnement éthique traverse les acteurs, comme en témoigne la plénière consacrée au financement et à l'organisation lors du congrès de la Sfap, sur le soin et son financement à l'ère numérique. "Penser notre santé comme un capital, lui donner une valeur économique et marchande, c'est oublier l'essence même du soin", estime Marie-Josée Del Volgo de l'université d'Aix-Marseille (Bouches-du-Rhône). Une vision économique entraîne, à son sens, une déshumanisation du soin. Elle souligne l'apport de l'activité invisible, non quantifiable, dans les soins, comme une discussion anodine pendant une toilette. "Entrer dans une salle de réanimation en regardant les machines mais pas le patient, c'est un comportement de robot. Encore qu'il existe maintenant des robots sociaux", glisse-t-elle.

 

Outre cette question du matériel, qui sous-tend également celle des locaux, d'autres problématiques se posent. Plutôt que l'aspect clinique, c'est l'aspect organisationnel qui nécessite une mobilisation. Le réseau Cécilia a mis en place des réunions pluridisciplinaires lors de la prise en charge d'une patiente en psychiatrie afin de décloisonner les parcours. "Les professionnels manquent de formation de part et d'autre. D'un côté, nous avons des représentations erronées de la schizophrénie ou de la folie qui entraîneraient automatiquement de l'agressivité. De l'autre, le diplôme des infirmiers en psychiatrie est très spécifique, ils ont parfois des problèmes pour tenir compte de la douleur", relève Richard Rokicki, psychologue du réseau Cécilia.

 

Une douleur moins perçue en psychiatrie

 

La question de la douleur est centrale dans les soins palliatifs en psychiatrie. En raison de leur pathologie, les patients expriment moins leur douleur, ce qui conduit à des retards de diagnostic, et mettent plutôt en avant leur angoisse. La formalisation de la douleur par ces patients est également éloignée des habitudes médicales. "Nous pouvons apprendre de la schizophrénie et l'expression de la douleur comme nous apprenons des poètes. Une métaphore peut être plus parlante que le jargon médical", estime Richard Rokicki. La mesure de la douleur est un des enjeux pour la prise en charge en psychiatrie, d'autant plus qu'il n'existe pas d'échelle spécifique. "Une patiente expliquait qu'elle avait l'impression qu'un crabe mangeait des crevettes dans son ventre. Un examen clinique a permis de découvrir une maladie de Crohn", rapporte Karine Rifflard.

 

À l'inverse des unités de soins palliatifs (USP), les patients en service de psychiatrie restent plusieurs années dans un même service. Cette présence sur le long terme permet de construire une relation de confiance entre l'équipe soignante et le patient. Une relation renforcée par le fait que ces patients en psychiatrie ont plutôt tendance à ne pas évoquer une dégradation de leur maladie à leur famille. Mais le réseau Cécilia évoque pour sa part un questionnement sur l'objectivité du personnel en psychiatrie vis-à-vis de la sédation profonde du fait de cette relation longue. L'équipe du réseau ajoute que cette relation de confiance est un atout pour reconnaître les changements de comportement des patients.

 

Les soins palliatifs en psychiatrie se caractérisent également par la présence de l'entourage. Outre les soignants, les patients tissent des liens entre eux et peuvent nommer leur personne de confiance parmi eux. Cette dernière dispose d'un avis consultatif dans la loi mais la légitimité de cette parole soulève un questionnement sur le sens de son recueil. "Cela a du sens car elle est consultative. Accéder à cette demande de recueillir la parole de la personne de confiance, c'est quelque part être au centre de l'accompagnement. Le patient n'est pas obligé de savoir que l'avis de son ami manque de sens", explique Richard Rokicki.

 

Questionnements à propos des patients avec antécédents psychiatriques

 

La prise en charge de patients avec des antécédents psychiatriques soulève également des questionnements sur la place des équipes de soins palliatifs. C'est le cas notamment de celle du CHU de Rouen (Seine-Maritime) qui a abordé la limitation ou l'arrêt des traitements (LAT) via le cas de deux patients dont la pathologie ne relève pas des soins palliatifs et qui ont fait une tentative de suicide. À l'issue de cette prise en charge, l'équipe soignante a notamment eu le sentiment d'être instrumentalisée par des patients qui souhaitaient mourir. Pour Marco-Achille Gambirasio, praticien hospitalier, la question de la légitimité de la LAT et le refus des traitements chez des patients avec des antécédents suicidaires est ouverte. Comme pour la place de l'équipe des soins palliatifs, entre prise en charge ou conseil, il reconnaît ne pas disposer de réponses satisfaisantes.

Jérôme Robillard, à Tours

Tous droits réservés 2001/2017 — HOSPIMEDIA